L’Espagne brise le pacte du silence- Reportage magazine La Vie

 

Dernièrement, j’ai eu la chance de participer en tant que photoreporter à la réalisation d’un dossier pour le magazine français La Vie sur l’Espagne de la dictature. Avec la journaliste Corine Chabaud, nous avons rencontré des petits-enfants de républicains assassinés pendant la dictature franquiste.

L’Espagne est après le Cambodge le pays qui compte le plus de fosses communes. Nous nous sommes rendus dans le cimetière de la ville d’Ocaña près de la ville de Tolède. Dans ce cimetière quatre fosses communes détiennent des milliers de personnes tuées par le régime franquiste. La plupart n’ont jamais pu être identifiées en raison de la chaux vive que les bourreaux déversaient sur les cadavres jetés dans les fosses.

Pendant plus de onze ans, j’ai travaillé sur la dictature argentine où j’ai rencontré les mères et les grands-mères de la place de Mai et de nombreuses autres personnes victimes de cette terrible période. Aujourd’hui, vivant en Espagne, j’ai eu l’honneur de travailler sur ce sujet encore très brûlant dans ce pays. Ce qui m’a frappé c’était de voir la grande similitude entre les petits-enfants de disparus en Argentine et en Espagne. Les mêmes mots, les mêmes regards, les mêmes larmes pour un même combat contre l’horreur.

Celedonio Vizcaino Frutos, Cimetière d’ Ocaña, Espagne-3 avril 2019 Celedonio Vizcaino Frutos est le président de l’ AFECO ( Association des Familles des Exécutés du Cimetière d’ Ocaña) qui a vu le jour en 1975 à la fin de la dictature franquiste, bien que celle-ci ait été légalement créée à la fin des années 90. Cette association milite pour l’identification des membres de leurs familles fusillés et enterrés dans des fosses communes du cimetière d’Ocaña ( 54 km de Madrid) pendant la dictature. On dénombre dans ce cimetière plus de 1500 personnes enterrées dans trois fosses communes. Les stèles qui ont été placées en l’honneur des personnes assasinées ont été financées par l’association elle-même. Le gouvernement espagnol ne veut rien savoir.